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Dans les bois

Dernière mise à jour : 21 août 2019

"Going in the woods is going home"


Enfant, je fréquentais déjà les bois avec mes frères et soeurs. Ils étaient tout autour de la maison; une forêt infinie. Le jour, les bois ne nous effrayaient pas, au contraire, ils étaient notre refuge. Nous ne cherchions pas à les transformer, nous les habitions. Les bois faisaient partis de nous et nous faisions partis d’eux. Les rochers nous servaient de bancs, les branches de toit, les feuilles de paillasse. La nuit venue, tout changeait et seule notre part d'ombre osait s'y aventurer.


Les arbres m'ont toujours été de bonne compagnie. Ils m’apaisent et m’appellent par mon prénom. Il me semble les entendre me murmurer à l’oreille des poèmes portés par le vent. Les arbres sont généreux de nature. Ils accueillent les oiseaux, les animaux et les insectes sans distinction de race et leur offrent de quoi se nourrir, s’abriter et faire la cour. Les arbres de toutes espèces vivent en harmonie et chacun prend sa place tout en s’appuyant l’un sur l’autre. Lorsqu’ils finissent par tomber de fatigue, ils retournent à la terre nourrir le sol qui les a vu naître. Ils représentent tout ce que la vie a de plus noble et de plus digne. 


Dans le livre plein de grâce, La Vie secrète des arbres, le forestier Peter Wohlleben nous apprend comment s’organise la société des arbres. "Les forêts ressemblent à des communautés humaines. Les parents vivent avec leurs enfants, et les aident à grandir. Les arbres répondent avec ingéniosité aux dangers. Leur système radiculaire, semblable à un réseau internet végétal, leur permet de partager des nutriments avec les arbres malades mais aussi de communiquer entre eux. Et leurs racines peuvent perdurer plus de dix mille ans…"


Planter des arbres peut même devenir un formidable acte de résistance. Wangari Maathi, Kenyenne d’origine, est devenue la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix en 2004 pour avoir entre autres fondé le «Green Belt Movement», un mouvement responsable de la plantation de plus de 30 millions d’arbres et ce, malgré l’opposition du gouvernement davantage intéressé par les profits liés à la déforestation. Cet acte de résistance lui a valu d’être battue et emprisonnée à de multiples reprises, mais sa résilience a grandement contribué au reboisement du Kenya. 


Nous avons perdu dans nos sociétés opulentes, me semble-t-il, la capacité de reconnaitre les véritables combats qui valent la peine d’être menés et pour lesquels nous serions prêts à sacrifier notre bien-être personnel. Notre richesse nous aveugle et nous corrompt. Nous avons démissionné de nous-mêmes. Et pendant que nous nous entre-déchirons sur les réseaux antisociaux et que les guignols haranguent les foules apeurées par l’autre et sa différence, les arbres tombent sous les bulldozers dans l’indifférence générale.


Les arbres possèdent un sens du goût, s'entraident, respirent, réussissent à vivre des centaines, voire des milliers d'années... La vie secrète des arbres change notre façon de voir les forêts. « On ne peut plus les abattre sans réfléchir et ravager leur environnement en lançant des bulldozers à l'assaut des sous-bois », Peter Wohlleben


 



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