top of page

De l'art difficile de consoler

Dernière mise à jour : 30 déc. 2019

«Merci d’avoir été là» dira le consolé à son consolateur. «Être là», c’est avoir su ne rien pouvoir faire pour l’autre et ne pas avoir fui. Aussi ne faut-il pas craindre de me tenir auprès de cet ami qui souffre, quoique, au fond, j’ignore ce qu’il traverse. Car lui-même l’ignore.*


Dans les Rocheuses, il existe un sentier menant aux lacs Consolation. On nous avertit au départ de ne pas nous y aventurer seul de crainte d'y faire la rencontre inopportune de grizzlis. Dès lors, nous nous sommes joints à d'autres marcheurs et avons traversé, aux aguets, la forêt de conifères.


Ce sentier que nous avons parcouru accompagnés d'inconnus liés par la seule idée qu'être ensemble nous apportait un certain réconfort me sert en quelque sorte d'allégorie pour parler de l'art difficile de consoler une âme en peine. Car c'est un art d'être simplement là, sans juger ni tenter de trouver à tout prix un moyen par lequel la souffrance pourrait magiquement s'échapper. Toute souffrance nous rappelle inévitablement les nôtres, mais celles-ci ne pourront être d'aucun réconfort à l'autre.


Paradoxalement, consoler ce n'est pas souffrir avec l'autre, mais plutôt, marcher auprès de celui qui a mal sachant pourtant qu'on ne peut accéder au lieu de sa blessure. "Être celui qui continue de manger et d’aimer la vie, tout en restant auprès de celui qui ne parvient plus à le faire, c’est l’autoriser, peut-être, à laisser sa joie, quand elle adviendra, reprendre le dessus".*


Ainsi, lorsque les grizzlis surgiront du fin fond de la forêt, prêts à l'assaillir, on sera à ses côtés et la force du nombre finira par les faire fuir.


Et une fois la forêt traversée, nous redécouvrirons ensemble un lac superbe au milieu des éboulis et à l'ombre des glaciers. Le lac sera calme et serein comme un jour altéré et nouveau tout à la fois.






49 vues0 commentaire

Comments


bottom of page