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Marcher pour n'être personne

Et nous partons trop loin toujours, à la recherche d'une joie pourtant tellement proche, tellement simple qu'elle en devient difficile. Frédéric Gros, Marcher, une philosophie


D'abord, observer. Freiner l'emballement de la pensée et noter mentalement tout ce qui se présente; un bruissement de feuilles, un marcheur pressé, un bruit de moteur, une odeur âcre, le bruit du gravier sous nos pas. Être dehors dans le monde. Surtout, ne pas pencher la tête; occuper son regard de tout ce qui nous entoure.


Marcher d'un bon pas pour forcer la respiration. Ressentir cette vieille douleur dans le genou droit sans lui laisser toute la place. Poursuivre son chemin et remarquer que le corps s'adapte et prend son rythme naturel. Ne rien analyser, juste avancer et observer. Ne pas parler non plus, juste écouter.


La pleine nature n'étant pas toujours à porter de pas, tout endroit pour marcher fera l'affaire. Ce parc derrière chez nous, le Parc Frédéric Back, dont j'ai parlé dans ce billet, est notre "nature" en ville. Il se transforme sous nos yeux. De carrière à déchets, il devient un parc urbain unique en son genre.


Il faut marcher au moins un bon deux kilomètres avant de prendre la première photo. La tête doit s'être allégée et le regard s'être aiguisé. Les tournesols apparaissent à la faveur d'une descente abrupte. Certains sont derrière un grillage, comme emprisonnés à moins que ce ne soit pour les protégés? Comment savoir si toutes ces barrières que nous avons dressées autour de nous nous sont utiles?


Prendre le moins de photos possible. Il ne faut pas briser le rythme. Ne s'arrêter que lorsque l'image du dehors correspond à l'image du dedans. Prendre à l'occasion une gorgée d'eau et s'enraciner davantage dans le sol qui nous porte.


Devant le choix des sentiers, en prendre un différent à chaque fois. Éviter l'habitude qui atrophie le regard et nous ramène à nous. Rester dehors avec les arbres et le ciel.


Vers la fin du parcours, ralentir le pas. Après quelques kilomètres, il n'est plus nécessaire d'occuper son esprit; il s'est tranquillisé car "la liberté en marchant, c'est de n'être personne, parce que le corps qui marche n'a pas d'histoire, juste un courant de vie immémoriale." (Frédéric Gros).










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