Zelda est âgée et ses pattes peinent à la supporter tellement le poids des années se fait sentir. Même son ombre est en train de s'effacer.
Je ne peux plus distinguer son regard tellement le voile s'y est installé. Elle n'entend presque plus ma voix et a même perdu la sienne.
Tous les ballons du monde ne peuvent plus rien pour elle.
Il semble cependant que son sens de l'odorat soit lui intact et la nourriture est tout ce qui lui reste. Elle mange comme s'il n'y avait plus de lendemains.
Je sens qu'elle s'accroche et je m'accroche aussi. On m'encourage à la laisser partir, mais à chaque fois, je trouve une raison de ne pas m'y résoudre: Elle va mieux depuis qu'on lui donne de la glucosamine! À la maison, elle n'est pas comme ça!
Mais pourquoi est-ce que je résiste autant? Moi qui tente par toute sorte de moyens d'apprivoiser la mort, voilà que je n'arrive même pas à l'accepter pour mon propre chien. À travers toute notre existence, ses distractions, ses divertissements, nous ne cherchons finalement qu'à éviter de penser à notre propre condition et voilà que Zelda m'y ramène constamment.
Je me suis toujours dit que je ne serais pas de celles qui s'acharnent, que je penserais d'abord au bien-être de l'être qui souffre. Et voilà que je me surprends à voir les choses autrement. J'ai peur du vide qui sera causé par son départ.
Alors, on l'amène partout avec nous. À la ferme des mes parents où elle marche dans les champs de soya et guette les miettes laissées par les nombreux chats. En camping, où elle se couche à nos pieds n'ayant plus l'envie de courir derrière les animaux de passage. Dans la cour où petit-fils tente de s'en approcher en faisant le son d'un chien qui jappe.
Ce sera sans doute son dernier été mais je le veux mémorable.
Tant qu'à mon ombre, elle aura toujours un petit chien marchant à ses côtés.
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